Vous avez vécu des moments forts lors des JO de Paris durant cet été. Toutefois il n'y a plus besoin d'attendre 4 ans. Depuis une dizaine d'années, les pays turcophones en Asie mineure organisent des World Nomad Games. En quelque sorte des JO de jeux traditionnels avec au programme une vingtaine d'activités comme le tir à l'arc sur cheval, la chasse au faucon, les luttes traditionnelles, les luttes sur cheval…
Côté intellectuel, on est bien fournis avec l'Awalé, et son homologue Toguz Kumalak du Kazakhstan. 2 mois d'attente auraient suffi, car la cinquième édition de 2024 s'est tenue du 8 au 13 septembre à Astana, capitale du Kazakhstan.
Le World Nomad Games, un rendez-vous qui prend de l'envergure à chaque nouvelle édition, avec cette année 89 nationalités, 2500 athlètes de tous les continents. Il a abrité des tournois d'Awalé, de Toguz Kumalak aux standard internationaux au sein du prestigieux hôtel Duman. Sans surprise, le podium de Toguz Kumalak s'est partagé entre les pays frères Kazakhstan en première et troisième position, et le Kirghizistan en deuxième position. Ayant en partage l'héritage de Gengis Khan et la civilisation mongole, ils valorisent depuis des décennies le Toguz Kumalak ou Toguz Khorgool comme patrimoine ludique culturel, levier de développement intellectuel et social. Et ce grâce à un investissement massif de leurs ministères des sports et du tourisme. Des coachs professionnels, des fédérations nationales et régionales bien huilées, une présence incontournable dans les écoles et les centres socio-culturels, des tournois avec show à l'américaine... Bref une culture forte qui fait d'eux des compétiteurs indéboulonnables sur le Toguz Kumalak autant dans la catégorie masculine que féminine.
Ces champions d'Asie mineure ont jeté depuis quelques années leur dévolu sur l'Awalé et fait des pas de géants au point de donner du fil à retordre aux experts africains, du fait de leur approche scientifique, intensive et documentée de leurs jeux nationaux. Mais c'était sans compter sur le bon travail de communication et de sponsoring des organisateurs du WNG qui ont pu dénicher de nouveaux talents africains encore plus tranchants et sponsoriser leur participation. Ils ont su malgré l'empirisme, le silence de leurs gouvernements et l'absence de cadres/processus mettre à profit leur culture millénaire du jeu pour sécuriser le podium. En pole position le Nigéria, puis le Ghana et enfin le Togo dans la catégorie Hommes. Petit bémol dans la catégorie Femmes où le Kazakhstan et le Kirghizistan raflent la mise, soulignant au delà de leur travail et de leur mérite, la culture du retrait de la femme africaine des activités ludiques qu'il est temps de corriger . Pour rappel, l'Awalé vient de Côte d'Ivoire mais il a des homologues très similaires dans toute la région d'Afrique de l'Ouest, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les joueurs de différentes nationalités ont eu des ajustements mineurs à prendre face la version Abapa ghanéenne qui est de mise lors des tournois internationaux.
Champion mondial 2024 du Nigéria, Johnson Aramide Adepte avec la rondolette somme de 1000 euros comme prix
Le tournoi d'Awalé lors des World Nomad Games est à date le seul événement d'envergure mondiale qui porte l'Awalé aux standards internationaux. Une bonne nouvelle pour ce jeu de stratégie au grand potentiel, qui n'a pas encore fini sa modernisation comme c'est le cas des Echecs, du Go ou du Shogi. Et aussi un petit clin d'œil aux pays africains pour aussi occuper le podium en termes d'organisation. Podium qui s'embouteille avec des tournois se tenant à République tchèque lors du Czech Open, en Turquie, ou en France à Cannes lors du Festival International des Jeux. A quand des jeux intellectuels lors de compétitions internationales ou régionales africaines, comme les Jeux de la Francophonie qui se sont tenus en RDC l'année dernière. Et pourquoi pas lors des futurs JO de Los Angeles, dans le sillage des jeux d'Echecs dont les fédérations sont actuellement en pourparlers?
Comments